Les rouleaux suspendus, Xuanguà juan掛軸

 

Originaire de Chine, le rouleau suspendu est une façon d’exposer une peinture ou une calligraphie. Destiné à être exposé durant une courte période parfois pour une soirée afin d’honorer un hôte, il est ensuite roulé et soigneusement rangé dans une magnifique boîte, chef d’œuvre en elle-même.

 

Il y a plus de 2000 ans, sous la dynastie Han, 206 av. notre ère/220 apparait la forme la plus ancienne des rouleaux suspendus trouve son origine dans la volonté de mettre en valeur une poésie ou tout autre texte écrits sur les bandelettes de bois ou bambou décorées de banderoles en soie. Leur développement s’effectue à partir de bannières en soie. De magnifiques bannières et peintures sur rouleaux datant de cette période, sont visibles dans les tombes de Mawangdui, site archéologique exceptionnel. Sous les Tang, 618/907, les objectifs esthétiques et structurels des rouleaux suspendus sont fixés et toujours en vigueur aujourd’hui. Au début de la dynastie Song, 960/1279, les rouleaux sont bien adaptés aux styles des artistes de l’époque aux tailles et proportions différentes.

 

L’œuvre peinte au centre du rouleau s’appelle ‘huaxin, cœur peint’. Au dessus de cette peinture est parfois réservé un espace, ‘shitang’ aux inscriptions ou poésies relatives à l’œuvre écrite par un lettré ami de l’auteur de l’œuvre picturale. La partie supérieure du rouleau ‘tiantou’ symbolise le ciel alors que la partie base ‘ditou’ représente la terre. Pour tenir le rouleau suspendu, une fine baguette ‘tiangan’ est placée en son sommet sur laquelle, parfois est nouées deux bandelettes décoratives ‘jingyan, hirondelles effrayées’.

Pour assurer un poids nécessaire au maintien du rouleau lorsqu’il est suspendu, une baguette ronde est placée en bas ‘dijan’. Elle sert à l’enroulement de l’œuvre lors du décrochage. Cette enroulement est parfois facilité grâce à deux pommeaux ‘zhoutou’ situés aux extrémités de cette barre de bois.

 

Les rouleaux suspendus peuvent être à la verticale comme à l’horizontale. Il est aussi le « rouleau manuel » long et étroit. Le rouleau manuel est observé à plat permettant d’afficher un texte ou une série de scènes découvertes section par section durant le déroulement de l’œuvre.

 

C’est à partir du VIème siècle et jusqu’au début de l’époque Heian, 765/1192, qu’est introduit les rouleaux suspendus. On parle alors de ‘katemono, objet accroché’. Sous ce terme, les japonais désignent une peinture ou une calligraphie sur soie ou sur papier encadré dans un rouleau destiné à être accroché.

L'une des particularités de la peinture lettrée chinoise, pour nous, observateurs occidentaux, c'est qu'elle n'emploie pas de couleurs à l'huile. Elle utilise l'encre et l'eau et certains pigments naturels pour obtenir une palette de nuances à l'infini.

Sur papier (ou encore sur soie), la peinture lettrée ignore toute perspective. Les lointains et les premiers plans sont rendus par conjugaison des proportions et des nuances des couleurs. Les "loins" sont plus petits et plus clairs.

Les lettrés négligeaient le portrait. Ils donnaient ainsi à l'homme sa juste place dans la nature rejettant ainsi le réalisme.

Depuis un moment, je cherchais à rendre hommage à ces Grands Lettrés. Je cherchais une forme nouvelle pour le faire. Mes tableaux sont réservés à leurs poésies. Alors j'ai réalisé des rouleaux "à la façon asiatique".

Pour cette réalisation, je ne modifie pas "mes outils". Je travaille à la peinture à l'huile sur de la toile. Les calligraphies que vous trouverez sur les rouleaux ne sont plus les poèmes des Lettrés mais, le titre du rouleau que j'attribue.